Bref aperçu de l'histoire de l'émigration polonaise au Grand-Duché de Luxembourg

Même si le Grand-Duché de Luxembourg fait partie des plus petits pays européens, le sujet de l’émigration et en particulier, celle des citoyens Polonais, est particulièrement vaste. L’histoire en est si riche que l’on pourrait en écrire un livre (il y en a d’ailleurs un certain nombre qui abordent le sujet) et nous n’avons pas cette ambition, nous ne vous donnerons que les principaux événements marquants en vous laissant l’envie d’aller plus loin si tel est votre désir. Les personnes intéressées par le sujet peuvent retrouver sur Internet de nombreuses publications historiques spécialisées et approfondies mais aussi des informations accessibles à tout un chacun.

1. XIXe siècle

Toutes les sources disponibles concordent sur le fait que le début du XXe siècle marque le point de départ du développement de la communauté polonaise au Grand-Duché de Luxembourg, et plus particulièrement à partir des années 1920. A cette époque, le développement intensif de l'industrie, en en particulier de l’industrie minière et de la métallurgie attire de nombreux citoyens des pays européens pour venir travailler au Luxembourg, y compris les Polonais. Cependant, des traces de l'émigration polonaise apparaissent dès le XIXe siècle, même si ces traces sont souvent effacées par les conditions historiques et politiques de cette période. Tout d'abord, il faut souligner que jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, la Pologne n'existait pas sur la carte de l'Europe en tant que pays souverain. Les conséquences de cet état de fait sont multiples. Tout d'abord, dans les registres officiels tenus soit par les communes, soit par les paroisses luxembourgeoises, les nouveaux arrivants des territoires de Pologne annexés par ses voisins, étaient souvent classés comme citoyens de ces États. Pendant la période de la Grande Émigration, peu après 1830, plus de 10 000 soldats insurgés ont quitté des territoires polonais partagés afin d'éviter les prisons et la déportation vers la Sibérie. Leur espoir ne se portait pas seulement vers les pays d'Amérique du Sud et du Nord, mais il les conduisait aussi vers l'Europe de l'Ouest, notamment la France, la Belgique et le Luxembourg. De nombreux Polonais à cette époque servaient également dans l'armée prussienne, qui comptait un important contingent d'environ 4 000 hommes soldats, stationnés entre les années 1814 et 1867 au Luxembourg.

Un des exemples le plus connu de l’émigration de cette période est l’histoire de la lignée de la famille polonaise la plus célèbre du Luxembourg, installée au XIXe siècle, la famille Kowalski. Michał Kowalski (qui selon les registres luxembourgeois était sous-officier de profession) est le grand-père d’Alfred et d’Emil Kowalski dont la mémoire est toujours vivante et matérialisée à travers les noms de rues de Luxembourg. Leurs noms sont d’ailleurs mentionnés dans les manuels d’histoire du Luxembourg. Michal Kowalski est né en 1795 à Zalesie près de Brest, dans l'actuelle Biélorussie. Pour rappel, à cette époque, ce sont des territoires polonais sous domination russe et c'est probablement pour cela que dans les registres luxembourgeois il a été répertorié en tant que citoyen Russe. Michał Kowalski se marie en 1829 avec une Luxembourgeoise, Maria Wagner, ensemble et ils ont huit enfants et une douzaine de petits-enfants. L'un d'eux Alfred Kowalsky, devient compositeur, organiste, directeur du Conservatoire d'Esch-sur-Alzette et l'un des chefs d'orchestre et de chorale « Sang a Klang », dont le siège se trouve aujourd’hui à Paffenthal où une rue y porte son nom. Un autre petit-fils bien connu de Michał Kowalski est Emile Kowalsky - mathématicien, physicien, mais aussi professeur de musique, professeur au Collège de Diekirch (maintenant connu sous le nom de Lycée Classique de Diekirch), chevalier de L’ordre de Mérite civil et militaire d’Adolphe de Nassau. Aujourd’hui, l’une des rue de Diekirch porte son nom. Au XIXe et XXe siècles, parmi tous les Polonais vivant et inscrits dans les registres des noms de famille des habitants du Grand-Duché, la famille Kowalski, à elle toute seule, compte plus de 30 noms et 300 personnes d’origine polonaise vivant au Luxembourg sont dénombrés dans les registres à cette époque. Comme le montre l’exemple de la famille Kowalski, les personnes venues à cette période au Luxembourg ont facilement intégré la communauté locale et à la deuxième génération déjà, à part le nom de famille à consonance polonaise, rien ne les distinguait des autres habitants du Grand-Duché. Les descendants de cette émigration constituent une présence forte au Luxembourg aujourd’hui. Leurs noms, souvent « assimilés », ont été transformés en Siweck, Vinkowski, Wasila ou même ... Schmitt. Aujourd’hui, en général, ils ne parlent plus le polonais, mêmes si en revanche, ils ont parfois connaissance de leur origine provenant de leurs ancêtres venus de la lointaine Pologne bien avant la Première Guerre Mondiale.

2. Les années vingt du vingtième siècle

Le XXe siècle a non seulement apporté de grands changements politiques en Europe, mais aussi, avec le développement dynamique de l'industrie, il a déclenché des vagues de migrations pour des raisons économiques. Dans les années 1920, la première et la plus grande vague d'émigrants polonais est arrivée au Luxembourg. Cependant, pour la plupart, ils ne venaient pas directement de Pologne mais d’Allemagne, on les appelait des « Westphales ». Plus précisément, c'étaient des Polonais, vivant en grand nombre dans cette région d'Allemagne-Westphalie. Après la fin de la Première Guerre mondiale, en vertu de l'article 91 du traité de Versailles, ils se devaient de déclarer leur nationalité et, à moins acquérir la nationalité allemande, ils étaient contraints de quitter l'Allemagne avant la date du 1er août 1925. Au lieu de s'installer en Pologne, dont l'économie de l’époque connaissait de nombreux problèmes, certains d'entre eux prirent la décision de tenter leur chance dans les pays voisins et, donc pour un certain nombre de se diriger vers le Luxembourg. De plus, de nombreux Polonais qui vivaient jusqu'ici en Belgique et en France se réorientent vers le Luxembourg pour travailler. L'industrie minière et métallurgique connaît un essor grandissant au Luxembourg à partir de la fin du XIXe siècle, ce qui entraine des besoins de main-d'œuvre importants. Afin d’attirer les travailleurs, les entreprises luxembourgeoises proposent des conditions de travail bien meilleures que les entreprises belges, françaises ou allemandes. On estime le nombre de personnes de nationalité polonaise arrivées dans les années 1920 à environ 5 000. Certaines d'entre elles n'y résident que temporairement, tandis d'autres s’installent de façon permanente, créant ainsi les fondements de la communauté polonaise au Luxembourg, qui commence alors à s’organiser, s’associer, construire des infrastructures sociales, culturelles et éducatives dans leur pays d’adoption. En 1927, environ 2 500 personnes d'origine polonaise étaient enregistrées au Luxembourg. Cette année marque également la création de la première association communautaire polonaise au Grand-Duché sous le nom de « Polskie Towarzystwo Oświatowo-Kulturalne » (Association Educative et Culturelle Polonaise). Au cours des années suivantes, le nombre de Polonais s'installant au Luxembourg augmente de manière significative, entrainant la création d’un certain nombre d'organisations avec divers objectifs. À la fin de 1930, plus de 6 500 personnes d'origine polonaise vivent ici, dont plus de 1 500 Juifs polonais.

Le consul honoraire de la République de Pologne à l'époque au Luxembourg, Ferdynand Loesch, estime ce nombre plus modeste, dénombrant selon lui 750 travailleurs. Il précise pourtant qu'il n'y inclut pas leurs familles, qui à cette époque étaient assez nombreuses car il n’était pas rare d’avoir entre 8 et 11 enfants. En outre, au début des années 1930, toujours selon les calculs du consul Loesch, il y a environ 1000 Juifs d'origine polonaise qui vivent au Luxembourg. À cette époque, de nombreuses organisations se créent. Citons entre autres, le Comité des Associations Polonaises à Esch en 1928, au sein duquel l’Association Catholique Polonaise fonctionne au Luxembourg au même titre que Katolische Arbeitervereine. En 1929, l’Union polonaise voit le jour, elle est mentionnée dans certaines sources comme l'Union des Travailleurs polonais, également connue sous le nom d'Union des Polonais au Luxembourg. L’année suivante, en 1930 deux autres associations se constituent : L’Association d'entraide et l’Association (ou Union) Catholique des Travailleurs Polonais. C’est aussi à cette époque, qu’une salle commune de la communauté polonaise et une bibliothèque avec des livres en polonais sont également ouverts à Esch. Ces structures fonctionnaient grâce aux subventions du consulat polonais à Bruxelles et grâce au soutien du consulat honoraire à Luxembourg, tandis que la bibliothèque était financée par le gouvernement polonais. Toujours en 1930, une Mission Catholique Polonaise est établie au Luxembourg par un décret du primat de Pologne, le cardinal A. Hlond. Son premier recteur, le prêtre Hilary Majkowski contribue de manière significative à l'animation et à la fédération de la communauté polonaise au Luxembourg à cette époque. C'est lui qui fonde en 1930 l’Association de St. Joseph à Esch, l’Association de St. Stanislas à Tétange, l’Association de St. Adalbert à Lasauvage, la chorale de l'église polonaise à Esch, un club de théâtre et quatre cercles du Rosaire Vivant dans les villes susmentionnées. Ce n'est pas un hasard si presque toutes les organisations de la communauté polonaise avaient leur siège dans le sud du Luxembourg à l'époque et les noms de ces associations contenaient souvent le mot « travailleur ». En effet, à cette époque, la grande majorité de la communauté polonaise du Grand-Duché était constituée de travailleurs venus pour travailler dans les mines situées dans la région de Minette (également connue sous le nom de Terres rouges) ou encore dans l'industrie sidérurgique qui s'y développait. Par exemple, à la fin de 1930, Esch-sur-Alzette était habitée par 1 700 Polonais, 1300 à Ottange, on pouvait dénombrer 600 personnes d'origine polonaise à Dudelange, Rumelange, Tétange et Kayl dans chacun de ces lieux, et on estimait 300 personnes à Differdange et à Lasauvage.

3. La grande dépression

La Grande Dépression, qui éclata aux États-Unis à la fin de 1929, atteignit rapidement l'Europe, n'épargnant pas non plus le Luxembourg. Les faillites en cascade d'entreprises locales et les licenciements massifs entraînèrent une fuite d'émigrants, y compris des Polonais du Luxembourg, dont le nombre fut presque divisé par dix en seulement 3 ans. En 1934, sur plus de 6 000 personnes, seules 400 personnes d'origine polonaise décident de rester. Un exode aussi important a entraîné la suspension des activités de certaines organisations de la communauté polonaise voire leur liquidation. Le 1er juin 1931, l'animateur le plus actif de la vie de la diaspora polonaise, le prêtre Majkowski quitte le Luxembourg. La Mission Catholique Polonaise n'a pas été dissoute, mais les années suivantes, elle n'a plus eu de tuteur permanent sur place, et des prêtres polonais de France ou de Belgique venaient ici pour accomplir certaines missions et services auprès de la communauté polonaise restante.

Paradoxalement, en cette période difficile de régression pour la communauté polonaise au Luxembourg, grâce aux efforts du consulat polonais en Belgique, qui a entamé des négociations avec les autorités éducatives luxembourgeoises, pour la première fois une école polonaise voit le jour au Luxembourg. Les cours ont commencé le 24 janvier 1933 dans le bâtiment de l'école primaire d'Esch-sur-Alzette et 33 enfants y ont assisté. Cependant, l'aggravation de la crise économique et le nouvel exode des Polonais du Luxembourg ont entraîné la fermeture de l'école après seulement un an de fonctionnement. Sa réouverture eut lieu en 1938.

4. Seconde moitié des années 1930.

La nouvelle vague d'émigration polonaise vers le Luxembourg est étroitement liée à la reprise de l'économie mondiale. Après 1934, dans le secteur de l'industrie mais aussi celui de l'agriculture, la demande en main-d'œuvre est si grande que la Chambre d'Agriculture à Luxembourg, en accord avec le Ministère Polonais des Affaires étrangères, signent des contrats annuels avec les autorités polonaises pour « louer les services » d’ouvriers agricoles polonais, afin qu’ils viennent travailler dans des exploitations agricoles au Luxembourg. Sur la base de ces accords, entre 1937 et 1939, environ 1 200 personnes quittent la Pologne, principalement de la région de Poznań. Les contrats préparés par la partie luxembourgeoise étaient très avantageux. Ils garantissaient non seulement une rémunération équitable, mais couvraient également les frais de voyage, de nourriture et d’hébergement et enfin ils octroyaient les mêmes droits que ceux des travailleurs luxembourgeois. Les contrats étaient prévus initialement pour une durée limitée, mais rendus sur place, les travailleurs agricoles polonais ont su démontrer leur personnalité honnête et leur caractère consciencieux et travailleur, si bien que des mesures ont rapidement été prises afin de faciliter la prolongation de leur séjour au Grand-Duché. Ainsi, beaucoup d'entre eux ont décidé de s’installer pour une période indéfinie si bien qu’ils ont petit à petit fait venir leurs familles pour les rejoindre ou ils ont tout simplement fondé leur famille sur place. Il est intéressant de souligner que, déjà 10 ans auparavant c'est-à-dire dans les années 1927-1928, les deux pays ont connu un épisode similaire. A l'invitation du Ministère Luxembourgeois des Affaires étrangères et de la Bourse du Travail et par l’intermédiaire de l'Association Polonaise de l'Immigration, environ 200 travailleurs agricoles furent envoyés au Luxembourg pour travailler principalement au nord du Grand-Duché. Suite au succès de la campagne de recrutement de travailleurs polonais dans les exploitations agricoles au Luxembourg, des travaux ont été menés au niveau gouvernemental aboutissant à la création d’un accord polono-luxembourgeois sur l'échange de main d’œuvre. Celui-ci prévoyait de régulariser de nombreux aspects juridiques et sociaux, donnant aux travailleurs polonais un accès quasi illimité au marché du travail luxembourgeois (et vice versa). Malheureusement, ces initiatives déjà avancées pour créer cette union économique particulière entre les deux pays ont été interrompues par le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale.

C’est à cette même période, avec la fin de la Grande Dépression que l'afflux de travailleurs polonais reprit à nouveau dans l'industrie luxembourgeoise. Ces différentes vagues d'émigration ont contribué à la reconstitution de la population et de la communauté polonaise au Luxembourg, qui est passée à 3 000 personnes les deux premières années, pour s’établir entre 4 000 et 5 000 juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

A cette époque, de nombreux artistes polonais, principalement des musiciens, sont venus au Luxembourg (ou du moins, ils s’y sont révélés). Comme le mentionne le consul honoraire F. Loesch, cela a été possible grâce à un intérêt de Henryk Pensis, alors chef de l'orchestre de Radio Luxembourg, pour la musique polonaise. C'est à son invitation que de nombreux musiciens polonais ont eu l'occasion de se présenter sur les ondes de cette radio qui, ppour citer le consul Loesch, « était vraiment le centre de diffusion de la culture polonaise à l'étranger ».

Les activités de certaines associations polonaises ont été réactivées et, à la fin des années 1930, les plus actives d'entre elles étaient l'Union Catholique des Travailleurs Polonais et l'Union des Travailleurs Polonais, également connue sous le nom d'Union des Polonais au Luxembourg qui poursuivaient les traditions de l’Union Polonaise créée en 1929. Il n'y avait pas de différences idéologiques majeures entre ces différentes organisations, mais certaines divergences d’opinion ont rendu difficile l'établissement d'une coopération entre elles. Ce n'est qu'en mai 1938, grâce aux efforts du consul polonais à Bruxelles, Wacław Czosnowski, que fut créé le Comité des Associations locales, dont la tâche fut de coordonner les activités des organisations de la communauté polonaise au Luxembourg et leur représentation conjointe auprès de l'Union Mondiale des Polonais de l'étranger à Varsovie (appelé « Światpol»). Ce fut également en 1938 que l'école polonaise reprit son activité régulière. Elle a fonctionné ici sous le patronage du Ministère Polonais des Confessions Religieuses et de l'Education Publique jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

5. Émigration polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale et pendant la période de rapatriement

La Seconde Guerre a provoqué un nouvel effondrement de la structure de la communauté polonaise au Luxembourg. A son début, de nombreux Polonais sont repartis en Pologne. Certains d'entre eux volontairement, d'autres, arrêtés et expulsés de force, le plus souvent vers les camps. On peut aussi recenser un certain nombre d'incorporation forcée de Polonais vivant au Luxembourg dans la Wehrmacht. En 1941, selon les données statistiques, 1 023 Polonais et 135 Juifs polonais vivaient au Luxembourg, alors qu'un an plus tard, on ne comptait plus que 779 citoyens d'origine polonaise. À cette époque, les nazis ont ouvert un centre au Luxembourg appelé « Lebensborn », qui était un camp de transit pour enfants de « race aryenne » déportées de force, y compris depuis la Pologne, dans le but de leur germanisation et de leur adoption par les familles allemandes. La plupart de ces enfants se sont ensuite retrouvés en Allemagne et en Autriche.

Après la tourmente de la guerre, la période des retours vers leur pays d'origine a commencé. La notion de DPs, Displaced Person en anglais, que l’on traduit par « personne déplacée », c'est-à-dire une personne qui, à la suite d'opérations militaires, s'est retrouvée hors de son pays d'origine, incapable pour des raisons financières, politiques ou sanitaires de rentrer par ses moyens dans son pays d’origine. Ces citoyens ont été pris en charge par les unités de rapatriement respectives de leurs pays d'origine. A l’instar de ces pays, dans la seconde moitié des années 1940 la Pologne a également organisé une action de rapatriement de grande envergure, dont le champ d'application incluait le Luxembourg dans le cadre de l'accord de rapatriement signé par ces deux pays le 24 août 1945. A cette époque le nombre des « DPs » habitant au Luxembourg est estimé à environ 600 personnes. On y retrouvait donc les Polonais venus au Luxembourg comme travailleurs forcés, mais aussi ceux qui sont venus ici avec le front de guerre, ou encore des personnes qui se sont retrouvés à la fin de la guerre dans d'autres pays et pour qui le Luxembourg n’était qu’une étape sur le chemin de retour vers leur pays natal. Le rapatriement a concerné non seulement les personnes qui se trouvaient au Luxembourg contre leur gré, mais aussi de nombreux travailleurs temporaires qui ont décidé de rentrer en Pologne, dans l'espoir d’un avenir meilleur pour eux après la guerre. Cependant, certains représentants de la communauté polonaise étaient déjà installés au Luxembourg avec leur famille et ils s’étaient établis ici de façon permanente et, pour nombre d’entre eux, avaient acquis une expérience professionnelle. Ceux-là n'ont pas eu le désir de retourner dans leur patrie d’origine. Aussi, certaines de ces « personnes déplacées » (les sources indiquent le nombre de 77 personnes) ont décidé de légaliser leur séjour au Luxembourg et décliner l'offre de rapatriement.

À la suite des remaniements post-guerre et des migrations de population dans la quasi-totalité de l'Europe, en 1945, le Luxembourg comptait entre 2 000 et 3 000 de Polonais. Une grande partie d'entre eux sont repartis suite à la campagne de rapatriement, tandis que d'autres sont partis dans diverses directions afin de refaire leur vie. A ce moment, il convient de rappeler que les années ‘50 et ‘60 ont été marquées par la période du protectionnisme étatique et que le monde fut divisé par le « rideau de fer ». Par conséquent, le Luxembourg n'était pas aussi disposé à accepter des émigrants de Pologne qu'avant la guerre, et donc, la plupart des Polonais n’ayant pas obtenu le droit de rester au Grand-Duché avant ou immédiatement après la guerre à la suite d'accords rapatriés, se devaient de quitter le pays. Le rôle des agents de rapatriement n'est pas non plus à négliger. Leur tâche était de convaincre les Polonais qui se trouvaient à l'étranger après la guerre de retourner dans leur patrie où, selon eux, un paradis socialiste les attendait. Par conséquent, le nombre de citoyens polonais résidant au Luxembourg diminua de façon constante, passant de 1 500 officiellement enregistrés en 1950 à seulement 344 personnes au début des années quatre-vingt. Bien entendu, ces statistiques officielles doivent être considérées avec une certaine prudence. Suite à leur naturalisation, de nombreuses personnes d'origine polonaise vivant au Grand-Duché ont dû renoncer à la nationalité polonaise en acceptant la nationalité luxembourgeoise. A partir de ce moment, les registres luxembourgeois ne les reconnaissent plus en tant que Polonais mais en tant que Luxembourgeois.

6. De la fin de la Seconde Guerre mondiale à la fin de la guerre froide

Après la Seconde Guerre mondiale, malgré un solde migratoire négatif, la communauté polonaise du Luxembourg a graduellement repris ses activités associatives. C'est ainsi qu’en 1946, réactivée par le prêtre W. Kotowski, l’Association Catholique des Travailleurs Polonais est réapparue sous le nouveau nom de Syndicat des Travailleurs Chrétiens Polonais. Grâce aux efforts de l'ancien consul honoraire de la République de Pologne à Luxembourg, Ferdinand Loesch, la nouvelle organisation a intégré le Syndicat des Travailleurs Chrétiens du Luxembourg en tant que section polonaise. Grâce à la dynamique de cette organisation, d’autres activités ont pu surgir telles qu’une chorale d'église polonaise ou encore un théâtre amateur. Le prêtre Kotowski a également fondé une équipe de scout polonaise. De plus, il célébrait la messe en polonais et tous les dimanches, il donnait des conférences religieuses sur Radio Luxembourg dans cette langue et y faisait passer de chants religieux polonais. Il convient également de mentionner que grâce aux efforts du prêtre J. Thiel (aumônier de la Mission Catholique Polonaise à partir du 1952, Luxembourgeois parlant polonais), la chorale polonaise a eu l'occasion de se présenter à plusieurs reprises à la radio luxembourgeoise. Une école polonaise a été reconstituée, qui, en plus de son siège à Esch, avait également une succursale à Kayl. Plus tard, un point d’information scolaire a été ouvert dans la capitale du pays. La salle commune et de la bibliothèque avec des livres polonais obtenus grâce aux dons de la communauté des Polonais en Belgique et des maisons d'édition de Paris et de Londres ouvre aussi à nouveau ses portes. En avril 1948, la Mission catholique polonaise, opérant depuis 1930, dans le cadre d'un accord entre le Primat de Pologne, le cardinal A. Hlond, et le Conseil de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, a trouvé un accord pour que l'administration de la Communauté Catholique Polonaise au Luxembourg soit gérée par les frères Oblats (ils continuent encore aujourd’hui). Le premier Oblat à s’occuper de Mission Catholique polonaise fut le père Augustyn Müller, venu de Silésie. Par la suite cette fonction a été confiée au prêtre Thiel.

La deuxième grande organisation polonaise qui a été relancée au Luxembourg après la guerre est l'Union Polonaise. Elle renaît sous le nom d'Union Parentale, ayant pour mission la promotion de la culture polonaise au Luxembourg. En 1957, l'organisation a repris son nom d'avant-guerre, initialement comme l'Union des Polonais au Grand-Duché de Luxembourg, et finalement en 1975, elle a été rebaptisée Union des Polonais. F. Chopin, sous lequel elle existe jusqu'à la fin de son activité. En 1957, cette organisation a été officiellement admise à l'Association Mondiale des Polonais de l'Etranger « Światpol ». A l'époque son siège a été établi à Esch-sur-Alzette, elle y possédait également ses propres locaux à partir de 1985. Un article séparé sur les activités de l'Union des Polonais F. Chopin se trouve sur le site polonais.lu à cette adresse.

En évoquant la situation d'après-guerre en Pologne et au Luxembourg, il est important de rappeler l’existence des organisations établies au Grand-Duché, dont la tâche était de venir en aide aux Polonais. La première organisation de ce type a été créée en 1946 et elle s’appelait précédemment « Délégation de la Croix-Rouge Polonaise », rapidement rebaptisée en « Association d'Aide aux Polonais » après l'intervention du gouvernement communiste à Varsovie. Plus tard, des organisations telles que Pollux, Hëllef fir Polen, SOS Pologne ou Parrainage Pologne ont été créées, dont les missions étaient de collecter des fonds, de la nourriture, des vêtements ou des médicaments pour les particuliers dans le besoin en Pologne, voire pour les institutions publiques polonaises, comme les orphelinats et les hôpitaux. Ces actions ont été poursuivies jusque dans les années quatre-vingt-dix, soutenant également les activités des associations caritatives existant à ce moment en Pologne. Beaucoup de ces organisations sont toujours en activité et elles organisent sans relâche des aides ciblées, coopérant principalement avec des orphelinats et des fondations polonaises. Vous trouverez un peu plus d’information à ce sujet sur le portail polska.lu, rubrique : Informatorium.

Créée beaucoup plus tard, en 2009, LuxCordis est l’exemple parfait de l’association dont les activités deviennent progressivement d’une grande utilité et une aide incommensurable à la communauté polonaise. L'association est fondée par Małgorzata Pawłowska et elle vise à collecter des fonds au Luxembourg pour le traitement des enfants polonais atteints des maladies les plus graves, principalement des malformations cardiaques. LuxCordis fonctionne encore aujourd’hui. La description de son activité est présentée à cette adresse.

Tout au long du XXe siècle, les émigrants polonais résidant au Grand-Duché ont pu bénéficier de soutiens forts. En particulier, les consuls honoraires ont apporté des contributions spéciales. Tout d'abord, il convient de mentionner deux noms, celui de Ferdinand Loesch pour la période d’avant-guerre et celui d’Alex Jacquemart, après la Seconde Guerre Mondiale. Le premier était membre de la Chambre des députés luxembourgeoise (par ailleurs, beau-frère du Premier ministre du gouvernement polonais de l'époque, Józef Beck). Il s’est fait connaître en tant que grand défenseur des affaires polonaises au Luxembourg. Quant à Alex Jacquemart, outre son soutien aux activités de nombreuses organisations de la communauté polonaise d'après-guerre telles que l'Union des Polonais ou Pollux, il assistait personnellement les citoyens Polonais dans leur recherche d’emploi, et il les soutenait individuellement aux moments difficiles de leur vie.

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, la vie communautaire polonaise au Luxembourg s’organise autour de l'Association des Polonais Frédéric Chopin. Un chapitre entier est consacré aux activités de cette organisation au Luxembourg et les pages dédiées retracent tout l’historique. Cependant, la communauté polonaise se regroupait également lors de réunions informelles dans les lieux investis pas les Polonais tels que les cafés et les bars gérés, bien évidemment, par des Polonais.

7. Émigration pendant la loi martiale et dans les années 90

Après 1981, le nombre de Polonais au Luxembourg a commencé à augmenter progressivement. Tout d’abord, il s'agissait d'émigrés politiques qui ont décidé de quitter la Pologne ou qui ont été contraints de quitter la Pologne en raison des répressions auxquelles ils ont été confrontés après la déclaration de la loi martiale. Avec le temps, l'émigration économique est également apparue. Pourtant, c’était une émigration d'un type complètement différente de celui de l'entre-deux-guerres. Rappelons les faits : l'industrie au Luxembourg a beaucoup changé au cours de cette période. La fin de l'ère du charbon et de l'acier ainsi que la modernisation des usines ont considérablement réduit la demande en main-d'œuvre dans cette branche de l'économie. À son tour, l'agriculture avait principalement besoin de travailleurs saisonniers, surtout lors des vendanges dans les vignobles des coteaux de Moselle. En effet, à ce moment, il y avait beaucoup de nos compatriotes qui venaient (et continuent à venir) attirés par cette forme de travail. Cependant, depuis cette époque, de plus en plus de Polonais diplômés de l'enseignement supérieur commencent à s’installer au Luxembourg : architectes, médecins et artistes. De plus, les athlètes polonais constituent également un groupe assez important et visible, invités par les clubs luxembourgeois en tant que joueurs ou entraîneurs. En ce moment, nombre de nos médaillés de cette période vivent et travaillent au Grand-Duché : footballeurs, basketteurs, volleyeurs, athlètes et autres.

En juin 1997, l'Association Culturelle Polonaise à Luxembourg est créée et Teresa Smoczyńska-Moulin en devient sa première présidente et reste à la tête de cette organisation pendant de nombreuses années. Puis, l’association change de nom pour devenir RejClub. Depuis bientôt 25 ans, ce club apporte une nouvelle dynamique dans la vie culturelle des Polonais résidant au Luxembourg. Parmi les projets les plus importants de l’association figurent des rencontres littéraires, des concerts et des lectures ainsi que de nombreuses activités culturelles destinées à la communauté polonaise mais également la promotion de la culture polonaise auprès de la communauté luxembourgeoise. L'une des activités les plus importantes est la participation au Salon du livre se tenant chaque année en parallèle au Festival des migrations. Tous les ans, l’association y participe et y tient un stand avec des livres polonais. C’est à cette occasion que RejClub organise une rencontre avec un.e écrivain.e polonais.e invité.e spécialement pour l’occasion, ce qui reste un moment inoubliable et très convivial. Une autre activité régulière de l’association est l'organisation d'un dîner de gala souvent accompagné d’un concert qui se déroule dans une atmosphère intime, mais solennelle au Cercle Münster à Luxembourg à l'occasion de la fête nationale de Pologne appelé le Jour de la Constitution du 3 mai. L’association organise également les soirées annuelles de fin d’année avec des chants et de cantiques de Noël. Au cours de ces soirées, les organisateurs invitent des artistes polonais locaux à chanter ensemble les plus beaux chants de Noël polonais. Pour avoir plus d’informations sur les activités de RejClub, toujours en activité et en plein essor aujourd'hui, suivez ce lien.

La communauté polonaise pouvait aussi profiter d’un autre lieu de rencontre. En 1994, le prêtre Henryk Kruszewski est venu au Luxembourg pour prendre en charge la gestion de la Mission Catholique Polonaise après avoir passé de nombreuses années en mission dans une toute autre partie du monde, le Cameroun. Dès les premiers jours de son ministère, le père Henryk commence à rechercher et à rassembler ses compatriotes disséminés dans le Grand-Duché de Luxembourg, visitant des familles polonaises jusque dans les coins les plus reculés du Luxembourg et les invitant à participer activement à la vie de la communauté catholique polonaise. Quelques temps après, il obtient un siège permanent pour la paroisse polonaise, à l'église de Saint Henri de Neudorf à Luxembourg qu’il occupe jusqu’à nos jours. Peu de temps après, dans le but de fédérer d’autres membres de la communauté polonaise, il étend son influence vers d’autres régions du Luxembourg. Il prolonge ainsi le programme de son ministère sacerdotal et il célèbre des messes dans l'église du sud du pays, à Esch-sur-Alzette, siège historique de la communauté polonaise au Luxembourg, ainsi qu’à Ingeldorf. Pendant un certain temps, des messes polonaises ont également lieu une fois par mois dans le nord du pays à Wiltz.

Le prêtre Kruszewski a beaucoup contribué non seulement au développement de la Mission Catholique Polonaise au Luxembourg, mais il a également grandement soutenu d’autres activités de la communauté polonaise et les relations qui existaient à l’époque. Tout au long des années ’90 et jusqu’au début des années 2000, il était associé à toutes les activités de la communauté polonaise en étant soit l'initiateur, soit le co-organisateur ou au minimum il offrait son aide et son support. Difficile de ne citer que quelques événements organisés par le père Kruszewski, tellement l’éventail des fêtes et des réjouissances est impressionnant : des pique-niques ou autres rassemblements de la communauté polonaise, les cérémonies à l’occasion de Fête de la Saint-Nicolas pour les enfants polonais (où de nombreuses fois le père Kruszewski se déguisait lui-même en Saint-Nicolas), des soirées dansantes pour adultes, ou encore de grands projets communs de la diaspora polonaise, comme le stand polonais au Bazar international. De plus, à l’époque sous l'égide de la Mission Catholique Polonaise au Luxembourg, l'école polonaise s'est développée de manière très dynamique. L’institution employait plusieurs enseignants et dans les meilleures années, plus de trente enfants y ont étudié à des niveaux différents. De plus, la coopération très riche et étendue du père Kruszewski avec les organisations polonaises existantes avant et après l'adhésion de la Pologne dans l’Union Européenne est un sujet tellement vaste qu'il dépasse certainement le cadre de cette modeste publication.

8. Une nouvelle vague d'émigration après l'adhésion de la Pologne à l'UE

En mai 2004, la Pologne a rejoint l'Union européenne et ceci est devenu un catalyseur de changements révolutionnaires non seulement au sein de la Pologne, mais aussi dans les structures des communautés polonaises à travers l’Europe. Avec l'adhésion, les Polonais ont gagné beaucoup plus de liberté, car dès lors, ils pouvaient non seulement se déplacer sans contraintes mais également s’installer librement dans tous les pays de l'UE. De plus, les États membres ont progressivement commencé à ouvrir leur marché du travail aux Polonais. Le Luxembourg l'a fait en 2007, même si un an avant l'adhésion de la Pologne à l'UE (c'est-à-dire en 2003, et dans des certains cas même plus tôt), les institutions communautaires ont commencé à embaucher de futurs employés venant de Pologne. Bien sûr, la plupart des Polonais de cette vague de recrutement se sont retrouvés à Bruxelles. Cela a été rapidement suivi par le Luxembourg afin de couvrir la demande dans les nombreux services des institutions de l'UE, tels que le Parlement européen ou la Commission européenne, mais aussi des institutions avec leur siège principal dont le plus célèbre est la Cour de Justice de l'UE. Les institutions employant des salariés de différents États membres sur la base de la parité démographique ont accueillis plusieurs milliers de salariés polonais, d’autant plus que la Pologne est l'un des plus grands pays de l'UE et en tout cas, le plus grand des dix pays ayant fait leur entrée en 2004. Une grande partie de ces nouveaux salariés (environ 700 personnes) se sont installées au Luxembourg, alimentent les rangs de la nouvelle vague de la communauté polonaise. Comme imposé par le recrutement dans les institutions de l’UE, le profil de ces nouveaux arrivants s’orientait vers des diplômés d’études supérieures.

Le moment clé dans les activités pour les jeunes de la communauté polonaise au Luxembourg est l'année 2007. Plusieurs événements importants ont lieu. En juillet de cette même année, un groupe de jeunes Polonais, principalement recrutés parmi les employés des institutions de l'UE, a fondé une association appelée polska.lu asbl. Ils ont ainsi structuré un groupe de discussion qui existait déjà spontanément dans le monde virtuel, où ils partageaient leurs expériences et leurs connaissances sur la vie quotidienne au Grand-Duché. De leurs idées sont nées des rencontres qui ont donné lieu à la réalisation de nombreuses initiatives, principalement dans le domaine culturel. En effet, selon les statuts nouvellement créés de l’association, son but est la promotion de la culture polonaise au Luxembourg. La plus belle réalisation de polska.lu dans ce domaine a été le Festival de la culture polonaise au Luxembourg, dont les cinq éditions ont eu lieu en 2008, 2010, 2013, 2015 et 2018. Vous trouverez plus d’informations sur ce sujet sur notre site web polonais.lu. Il ne faut pas oublier aussi un autre grand événement organisé chaque année depuis plus de 10 ans qui est les Journées du Théâtre Polonais à Luxembourg, dont vous pouvez lire ici.

Le portail Polska.lu reste très actif dans le monde virtuel et il reste fidèle à ce concept. En plus de la formule du forum Internet, un portail d'information en polonais pour les Polonais résident au Luxembourg est aussi hébergé. Son adresse est assez explicative : www.polska.lu. De cette manière, la communauté polonaise au Luxembourg a un accès à un fil quotidien d’actualités sur la vie communautaire polonaise, elle est informée sur les faits importants des relations internationales polono-luxembourgeoises, sur les événements culturels et sociaux polonais, ainsi que sur les nouvelles les plus importantes de la presse luxembourgeoise, bien sûr traduit en polonais. Bien que l’histoire de l’immigration polonaise soit assez conséquente, c’est la première fois que ce genre d’initiative d’accès à l’information est concrétisé. En effet, depuis la période d’avant-guerre les informations concernant la communauté polonaise dans la presse au Luxembourg, voire même au Benelux, n’étaient que sporadiques. Elles apparaissaient le plus souvent à l'occasion de divers anniversaires ou jubilés, certaines étaient publiées par le père Kruszewski dans son bulletin d’information paroissial édité dans le cadre de l'activité de la Mission Catholique Polonaise « Głos z Luksemburga » (Voix depuis Luxembourg). Ainsi, enfin les Polonais pouvaient avoir sur polska.lu l’accès en continu aux informations concernant la vie de la communauté polonaise ainsi que sur la vie au Luxembourg en général. Le portail existe encore à ce jour et il est présent non seulement sous la forme d'un site Web, mais aussi en tant qu’une fanpage sur Facebook. Pour plus d’informations sur l’histoire du portail polska.lu, en tant que magazine en ligne et tant qu’organisation œuvrant pour la culture polonaise au Luxembourg, veuillez suivre le lien vers l'article sur le site polonais.lu.

L'année 2007 est également une année très importante pour d’autres organisations et structures. C’est cette année-là qu’est lancée l’idée d’un « lieu de rassemblement pour la communauté polonaise en plein cœur du Luxembourg », qui se concrétise avec l’ouverture en janvier 2008 du café « Ancien Cinéma » dans la belle ville de Vianden. Les propriétaires de ce lieu, Maciej et Hanna Karczewski ont acheté à la commune un ancien cinéma, fermé depuis les années 1970 et tombant en ruine. Pendant trois ans de travaux de rénovation, ils transforment le lieu qui aujourd’hui est connu pour son atmosphère incroyable, mélangeant l’esprit d'un pub, d’un café, d’un cinéma, d’une galerie d'art, d’une salle de spectacle et servant de lieu de rencontres informelles. Les propriétaires ont décidé que l’Ancien Cinéma ne contiendrait pas de notion de « polonais » dans le nom, car ils souhaitaient que deux thèmes guident l’inspiration du lieu : l’ouverture et l'intégration. Grâce à cet état d’esprit, le lieu a maintenant des fans provenant de différentes origines vivant au Luxembourg : des Bulgares, des Lettons, des Néerlandais, des Italiens et d'autres nationalités côtoient également le lieu pour organiser des événements ici. Bien sûr, d'innombrables événements luxembourgeois, voire locaux « viandenois » y sont aussi organisés. Il reste bien sûr un lieu privilégié pour les événements autour de la culture polonaise. En parcourant l'agenda culturel de l'Ancien Cinéma, on peut y découvrir un bon nombre de concerts, projections de films, soirées littéraires, rencontres avec des artistes, expositions de peinture et de photographie ayant un lien fort avec la culture polonaise. C’est ainsi que les Polonais ont « leur petit bout de Pologne » sur le sol luxembourgeois. L’Ancien Cinéma a aussi son propre site Web : www.anciencinema.lu.

Toujours en 2007, une nouvelle et importante initiative voit le jour. Au début, elle s’adressait plutôt à la communauté polonaise du Luxembourg. Il s’agissait de projections, tout d’abord de façon informelle sur le titre « Semaine du film polonais ». Les organisateurs de cet événement, motivés par l'intérêt considérable des cinéphiles locaux, se sont tournés vers les animateurs du site polska.lu avec l'idée de transformer cette rencontre informelle en festival régulier. C'est ainsi qu'un an plus tard, le Festival du film d'Europe Centrale et Orientale est lancé. Jusqu'en 2012 il est organisé sous l'égide de polska.lu, et à ce jour, sous le nom de CinEast. C’est une structure indépendante, une association formelle existant sous le nom cineast asbl et gérée par les mêmes personnes qui, en 2007, ont pris l'initiative de promouvoir la cinématographie polonaise au Grand-Duché. Vous trouverez l'article concernant le festival CinEast sur le site polonais.lu à cette adresse.

Il ne fait aucun doute que l’installation de l'Ambassade de la République de Pologne au Luxembourg un an plus tôt a grandement contribué à l'intensification de l'activité de la communauté polonaise dans le pays depuis 2007. Grâce à ce nouvel appui, les Polonais du Grand-Duché ont obtenu non seulement un soutien considérable, mais il leur a permis aussi d’avoir une représentation officielle. Ainsi, en cas de besoin de moyens financiers nécessaires pour mener à bien des tâches telles que l'organisation d'événements culturels, d'activités sociales, de travail dans le domaine de l'éducation et bien d'autres, la communauté polonaise pouvait disposer d’un nouveau levier. Pas étonnant qu'à partir de ce moment, des organisations polonaises aient commencé à surgir au Luxembourg comme des champignons après la pluie. Voici une liste des plus importantes d'entre elles et leurs fiches individuelles se trouvent bien sur les pages du site  polonais.lu :

L'Association des parents d'élèves de l'Ecole Polonaise à Luxembourg (APEEPL; rodzice.lu), est créée en 2008, immédiatement après que la Mission Catholique Polonaise transfère l'école polonaise à l'administration de l'Ambassade de Pologne au Luxembourg. À ce moment-là, le nom officiel de cette unité éducative change pour devenir le Point Scolaire Consultatif près de l'Ambassade de Pologne au Luxembourg (Szkolny Punkt Konsultacyjny przy Ambasadzie RP). Vous trouverez l'article concernant l'APPEPL sur le site polonais.lu à cette adresse.

LuxCordis asbl, déjà mentionnée, est une association caritative qui aide les enfants malades et nécessiteux en Pologne. Elle est active depuis 2009. Vous trouverez l'article concernant LuxCordis asbl sur le site polonais.lu à cette adresse.

– PSDLux, est une association polonaise contre la dyslexie au Luxembourg, fonctionnant de 2010 à 2017, existant initialement sous le nom de « Dyspel ». La fondatrice de l’organisation s’appelle Iwona Pikora. Vous trouverez l'article concernant Iwona Pokora sur le site polonais.lu à cette adresse.

Sport.lu asbl est une association fondée en 2012 par Adam Stoltman, un joueur de tennis polonais qui vit au Luxembourg depuis de nombreuses années et qui représente les couleurs de sa nouvelle patrie dans le tennis (encore actif aujourd’hui dans la section vétérans). Sport.lu, comme son nom l'indique, vise avant tout la promotion du sport et d’un mode de vie sain, avec un accent particulier mis sur le mouvement sportif amateur polonais au Luxembourg. L'organisation a notamment encadré le voyage des membres de représentation luxembourgeoise locale de sport, membres de la communauté polonaise aux Jeux Mondiaux d'Été des Polonais de l’Étranger. Depuis plusieurs années, Sport.lu est représenté par une équipe qui participe aux plus grands événements luxembourgeois. Elle fait la promotion d’une vie saine, du sport et soutient la lutte contre le cancer - Relais pour la vie.

La Chambre de Commerce Luxembourgeoise-Polonaise, fondée par Artur Sosna en 2012 sous le nom de Luxembourg-Polish Business Club (LPBC), est une organisation dont l'activité vise à renforcer les relations d'affaires entre ces deux pays. De plus, au Luxembourg, l’une de ses missions est également l’aide à la mise en œuvre de projets de jeunes entrepreneurs. C’est dans ce but que des formations dédiées aux femmes sont organisées. Elles sont intitulées : Entrepreneurial Woman Project. Pour avoir plus d’information sur LPCC (car il opère actuellement sous ce nom) cliquez sur le lien proposé sur polonais.lu.

– L'association polki.lu asbl, existe depuis 2015 et elle regroupe un nombre important de femmes polonaises vivant au Luxembourg. Elles organisent des réunions, des ateliers, mais aussi des escapades en commun en plein air. A travers leurs nombreuses formes d'activités, elles favorisent un mode de vie sain, tout en soutenant les activités commerciales et culturelles de ses membres vivant au Grand-Duché. (Pour en savoir plus sur les activités de cette jeune et extrêmement dynamique organisation, suivez le lien.

– L'association « Gramy Razem asbl » est fondée en 2019 par Anna Sowada,dont le but est d'organiser la Grande Finale de l'Orchestre de la Charité de Noël au Luxembourg. La première Finale a eu lieu en janvier 2020 et la deuxième, dans des circonstances difficiles adaptée aux restrictions en vigueur, s’est déroulée en janvier 2021. L'organisation regroupe des militants actifs d'autres associations, faisant de cet événement un excellent exemple de la coopération de presque toutes les « forces polonaises » au Grand-Duché et l'un des nombreux moments démontrant leur intégration exemplaire. (Le site de l'association, et aussi un endroit où vous pouvez trouver de nombreuses informations importantes sur les Finales du Grand Orchestre de la Charité de Noël au Luxembourg. Il est disponible à cette adresse.

Outre les organisations susmentionnées, dont la grande majorité sont encore très actives, il y a de plus en plus d'initiatives diverses de la communauté polonaise au Luxembourg. Elles s’organisent principalement autour de groupes Facebook, dont le nombre est actuellement impossible à estimer, et la diversité et l'étendue de leurs activités sont eux aussi difficile à appréhender. Ce sont le plus souvent des groupes de soutien à travers lesquels les Polonais peuvent échanger leurs expériences, leurs points de vue, où ils peuvent rechercher une aide dans des situations plus compliquées de la vie ou tout simplement échanger des conseils sur des questions quotidiennes. Certaines de ces initiatives dépassent le cadre d'Internet. Les membres de ces groupes se rencontrent, ils organisent des pique-niques, des réunions et mènent des actions à visée sociales. Il est encore beaucoup trop tôt pour tenter de dresser un portrait de ce mouvement social en plein essor. Pourtant, tous ces mouvements valent vraiment la peine d'être observés, car, loin d’être anodines, un certain nombre de ces initiatives jouent un rôle important (et pourraient être décrites dans un document plus large sur la vie contemporaine des Polonais au Luxembourg).

L'image de cette communauté serait incomplète si on n’évoquait pas l’influence polonaise dans la vie culturelle contemporaine du Grand-Duché. Les artistes polonais venaient au Luxembourg déjà avant la guerre. Cependant, très peu de détails ne sont parvenus jusqu’à nous et on ne trouve que peu de traces dans les sources existantes. Dans la période d'après-guerre, le Luxembourg, en raison d’une l'offre d'emploi limitée, n'était pas la première destination de l'émigration économique des musiciens. Pourtant, on dénombrait une dizaine de Polonais qui y trouvent un emploi, soit au sein du Conservatoire de la capitale, soit à Esch-sur-Alzette, ou encore au nord à Ettelbruck, voire même à l'Orchestre Symphonique de Luxembourg dont les origines sont bien plus anciennes que celle de l'Orchestre Philharmonique de Luxembourg. C’est ce même pouvoir d’attraction qui a perduré jusqu’à nos jours. On peut par exemple citer l’artiste pianiste polonaise, Beata Szałwińska, qui vit ici depuis plus de 20 ans (un article lui est consacré sur le site polonais.lu). De même, l’exemple de Marcin Wierzbicki, compositeur, chef d'orchestre et organiste, qui travaille ici depuis 2003 (la biographie se trouve en suivant le lien. En évoquant des musiciens aux racines polonaises, il convient de mentionner que, au Luxembourg, il existe plusieurs groupes jouant du jazz ou de la musique populaire. Comme exemple citons Cold Nights de Tomek et Sylwia Winiarski, TwoPlay d'Agnieszka et Piotr Strzebińczyk. Quant à la plus jeune génération, évoquons Zuzanna Pytlińska et Zofia Branicka, cette dernière agissant sous le pseudonyme artistique Rozeen. En évoquant des d'artistes polonais déjà nés au Luxembourg, il faut certainement mentionner Filip Markiewicz – le fils de Lidia Markiewicz (un article lui est dédié et publié sur le site polonais.lu). Filip a démarré son activité au Luxembourg comme musicien et compositeur. Aujourd’hui, c’est un artiste multidisciplinaire qui s’exprime à travers différents médiums, dont le dessin et la vidéo.

Ces dernières années, plusieurs groupes musicaux polonais se sont formés au Luxembourg. L'un d'eux était Chorus salicti de Marcin Wierzbicki, en activité en 2010–2013, qui a rapidement gagné en popularité et a été invité à participer à de nombreux projets internationaux. De cet ensemble a émergé un quatuor vocal, qui existe aujourd'hui sous le nom de Hoquetus Ensemble (dont vous pouvez lire l’histoire en suivant ce lien). Une autre initiative intéressante est « La Confrérie du Chant Traditionnel » fondée par Henryk Mazur, qui fait la promotion au Luxembourg de l'amour de la musique folklorique, non seulement d'origine polonaise mais également de nombreuses d'autres nations. (Un article séparé est consacré à la Confrérie sur le site polonais.lu). L'intérêt pour la musique folklorique polonaise a une longue tradition au Luxembourg. Des groupes folkloriques de Pologne sont venus à l'invitation de l'Association polonaise Frédéric Chopin et du père Kruszewski à plusieurs reprises des années soixante-dix jusqu’à la fin du vingtième siècle, voire plus tard. Actuellement, le Luxembourg a l’honneur d’avoir son propre groupe polonais pratiquant les danses folkloriques polonaises. Il existe depuis 2019 sous le nom de « Polanie Folk Dance Ensemble », fondé par Joanna Jansen (dont la biographie se trouve ici). Ce groupe a vu le jour quelques temps après la création d'un groupe de danse pour enfants que Joanna Jansen dirige depuis 2016 à l’école polonaise au Luxembourg.

Au Grand-Duché, nous pouvons rencontrer des artistes polonais de nombreux autres domaines de l'art tels que la peinture, la sculpture et bien d’autres. Vous pouvez également lire les articles les concernant sur le site polonais.lu. Ce sont les portraits de Lidia Markiewicz, Katarzyna Kot-Bach, Małogrzata Jankowska, Margo Skwara, Gabriela Kaziuk. Nous n’avons cité que quelques noms parmi la longue liste de tous les artistes travaillant au Luxembourg qui nécessiterait une bien plus longue publication.

La communauté polonaise du Luxembourg, issue des traditions de la classe ouvrière, constitue aujourd'hui un groupe extrêmement diversifié, moderne, bien organisé et bien intégré à la population locale. Ce qui est important de souligner, c’est la dynamique de ces groupes qui se réalise autour de travail en associations. Les meilleurs exemples de ces coopérations sont des initiatives telles que le stand polonais au « Bazar international », le « Festival de la Culture Polonaise » au Luxembourg, le festival CinEast, le pique-nique à l'occasion de la Journée des droits des enfants, les rencontres pour les enfants à l’occasion de « Saint-Nicolas », les « Journées du Théâtre Polonais » et « la Finale du Grand Orchestre de la Charité de Noël au Luxembourg ». Les Polonais sont présents ici dans presque tous les domaines. Outre des artistes polonais, des employés d'institutions européennes, des architectes et des médecins, au Grand-Duché, il n'est pas difficile de trouver des avocats polonais, des journalistes, des traducteurs, des enseignants (y compris des professeurs universitaires et des chercheurs travaillant à l'Université du Luxembourg), des hommes d'affaires et de nombreuses femmes d'affaires, des employés d'entreprises de construction, mais aussi des propriétaires d'entreprises prospères dans de nombreux secteurs. Nous avons des magasins avec des produits venant directement de Pologne et un restaurant proposant des spécialités polonaises, gérés par Ewelina Cardoso (dont vous trouverez le portrait en suivant le lien.

L’étendue de la richesse de l’ensemble de ces initiatives ne peuvent être se résumer en un seul article. Il se pourrait même qu’un livre volumineux ne soit pas suffisant. Nous pouvons espérer que le présent projet : polonais.lu, devienne le noyau d'une telle future publication. Vous pouvez dès à présent parcourir le site Web où vous trouverez déjà des articles intéressants. Pour la plupart, ce sont des biographies des représentants de la communauté polonaise en constante et dynamique évolution. Pour la suite, nous espérons sincèrement que nous continuerons et rajouterons au fur et à mesure de nouveaux portraits enrichis des informations sur des personnes qui se sont retrouvées sur la longue liste d’attente de ce projet. Il est également fort probable que demain, de nouveaux noms de personnes inconnues aujourd’hui enrichissent cette liste et que ces personnes et leurs idées continueront à faire grandir l'image des Polonais au Luxembourg.

Traduit du polonais par Anna Gonzales

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